Le travail spécifique de supervision prend naissance au cœur même de la psychanalyse (groupes Freud, Bion, Balint…) avec ce questionnement : malgré la formation, malgré le savoir, malgré l’expérience…, comment se fait-il que tel usager investit autant la relation (positivement ou négativement) et qu’à mon tour, je m’y engage fortement (positivement ou négativement). Bien évidemment, les métiers liés au secteur social, médical… côtoient quotidiennement  cette difficulté. Parfois, la souffrance, le sentiment de solitude sont même en partage avec l’usager ; avec des incidences non négligeables sur un versant plus personnel ! Il est donc bien question là du transfert et du contre-transfert.
Il devient alors nécessaire, parfois urgent, de re-mobiliser le désir.

La supervision permet,  justement, d’interroger le participant sur son identité professionnelle, en lien avec son identité personnelle. Ce travail ne peut se réaliser que progressivement, à partir de l’établissement d’un cadre énoncé et sécurisant, d’une confiance en place au sein du groupe et envers l’intervenant notamment.

Ce lieu d’échanges devient un espace ressource à dimension formative, un lieu d’acquisition de connaissances, d’analyse et d’expérience. En effet, le travail engagé est d’ordre « clinique » au sens étymologique du terme : « se pencher sur… « ; il prend en considération l’histoire des liaisons et dé-liaisons dans son histoire professionnelle et personnelle.

Cette forme d’intervention permet au professionnel, confronté à des situations complexes, d’exprimer les sentiments mêlés qui l’animent pour, ensuite, l’amener vers un savoir renouvelé sur l’usager et lui-même, sur le lien que celui-ci tisse avec lui et les répercussions qu’elles ont sur sa personne. La supervision extirpe le professionnel de ce qui le dérange, le trouble, le gêne, le met à mal, par une mise en mots qui participe de cette séparation.